[ Accompagné pour une fois... ] PV Sa-Black-Rah 3

Alice toqua légèrement à la porte pour la prévenir de son arrivée, puis entra.
La voyant les yeux fermés, elle posa la soupe fumante sur une étagère et s'approcha à pas de loup du lit, ce qui n'était pas difficile puisqu'elle était pieds nus.
De toute manière elle s'était habituée à se déplacer silencieusement.
Elle posa sa main sur l'épaule de la jeune fille, tout doucement.

" Mademoiselle? Vous vous êtes endormie? "

Elle ne le pensait pas, mais si leur invitée préférait restait seule, elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait y faire.
Elle n'aimait pas contrarier les gens.
Du moins, dans son ancienne vie - elle l'appellait toujours son ancienne vie à présent - elle n'aimait pas le faire.
Neko n'allait pas tarder à rentrer à présent, le soleil venait de se coucher, et il arrivait souvent une heure ou deux après la tombée de la nuit.

Alice lui sourit.
Alla prendre la soupe, revint s'asseoir.
Lui tendit le bol.

" Vous voulez que je parte pendant que vous mangez? Neko va bientôt arriver, il souhaitera surement vous parler, il faut prendre des forces. "

Elle regarda sa main blessée, vit que le sang avait finit par traverser le bandage.

" Je vais d'abord changer ça. "

Elle alla chercher le nécessaire pour s'occuper de sa main, et la soigna en silence, avec la dextérité de ceux qui ont l'habitude.

Comme si elle avait lu dans ses pensées ( ce qui n'était pas le cas, évidement ) elle dit d'une voix douce :

" Vous n'êtes pas obligée de tout manger, j'en referai au besoin. "

Elle conclut sa phrase en serrant fermement le noeud du nouveau bandage.
Elle alla jeter l'ancien.
Elle ne pouvait s'empêcher de regarder ma jeune femme avec des yeux dévorés de curiosité.
Quel malheur qu'elle ne puisse pas parler !

Elle aurait eut temps de chose à demander...

Soudain, elle entendit un bruit.
Infime, mais qu'elle connaissait par coeur.
Elle sourit.

" Neko est rentré.... "

La porte s'ouvrit en grinçant.
Ajoutant à l'ambiance...
Les murs du château s'ébranlèrent soudain.
Il se remettait en marche.

L'ombre d'un immense oiseau au plumage noir se dessina sur le pas de la porte, un oiseau dont la forme évoquait celle d'un homme.
Puis Neko apparut, exactement comme lorsqu'il était partit, en homme, habillé de noir.
Il semblait exténué, mais son visage reprit vite son apparence ordinaire.
C'est à dire neutre, avec un sourire plein de malice.

" Bonsoir mesdemoiselles... Alors Alice, comment se porte notre invitée? "

La jeune fille se leva.

" Elle va mieux Neko, elle a mangé un peu et je lui ai soigné la main. "

Il hocha la tête.

" Merci Alice. Il y a un... colis pour nous en bas, veux tu bien t'en occuper s'il te plait? "

Elle eut un sourire en coin.
Elle savait bien ce qu'il voulait dire.

" Bien sûr. "

Elle s'en alla, sans bruit.
Neko ferma la porte.

Il sourit.
Tristement cette fois.
Il marcha jusqu'à la fenêtre.
Tout était noir.
Mais ici, il voyait comme en plein jour.

" Vous avez peur de moi. "

Constation.
Regret.

* Habitude *

Parfois, c'était désolant.
Il ne pouvait que s'en prendre à lui même !

Il soupira et s'assit sur le rebord de la fenêtre.
Sans qu'aucune lumière ne soit allumée, la pièce, si sombre, s'éclaira doucement.

Il laissa un long moment s'écouler.
Soudainement, ses traits, jusque là si calmes, se crispèrent.
Son poing se ferma brutalement et il se courba en deux, sa respiration s'accélèrant et se mettant à siffler.
Il ferma les yeux, reprit l'apparence d'un chat.
Il poussa un feulement de rage.
Maudite soit cette sorcière !
Il ne pouvait garder forme humaine très longtemps...

Il se tourna vers la jeune femme.
Elle avait assisté à tout.
Alors que personne ne devait savoir.
Que devait il faire?
La tuer?
Il sauta sur le lit, ses yeu verts étincelants la fixant sans émotion aucune.
Mais s'adoucirent.
Il aurait été un temps où il aurait pu lui trancher la gorge sans le moindre état d'âme.
Mais plus maintenant.
Las, il s'allongea sur le lit, sa longue queue noire et touffue se balançant tristement.

" Je commence à me faire âgé pour toutes ces bêtises... " murmura t'il.

Il se tourna vers elle, et sans donner la moindre explication sur ce qu'il venait de se passer, il dit simplement :

" Je suis désolée de devoir te garder ici. Simplement, ton esprit était en train de dérègler le Pays des Merveilles. Je ne sais comment cela à pu se produire, mais je compte bien le découvrir. "

Il eut un sourire espiègle.

" Remarque, tu devrais presque te sentir fière : ce n'est pas tous les jours que quelqu'un me donne autant de il à retordre, j'ai du courir d'un bout à l'autre du pays toute la journée pour chasser les démons qui commençaient déjà à s'infiltrer... J'ignore comment tu as fait mais tu leur a ouvert une brèche... "

Il releva la tête.

" Enfin un sourire ! J'ai bien cru désespérer ! "

Il se mit à rire.

" Bien, puisque vous venez d'arriver au Pays des Merveilles, il serait peut être temps que je vous explique certaines choses, ce que je fais habituellement aux nouveaux arrivants mais les circonstances m'ont quelque peu chamboulé... "

Il finit par se redresser, s'étira et regarda autour de lui.

" Evidemment, ce serait plus facile si vous pouviez communiquez... Oh mais j'y pense... "

Il sauta du lit, se transforma en moineau et vola jusqu'à la commode.

" Voyons un peu... "

L'oiseau devint plus gros tandis qu'il trouvait ce qu'il était en train de chercher et le mettait dans sa gueule.
Il vola à nouveau, se posa sur le lit et lui tendit une espèce d'ardoise munie d'une craie.

" Ecrire, est ce que ça te dérange? "

Il sourit.
Comme pour dire : c'est bien, c'est déjà ça.
Bien sûr, il n'était pas humain.
Alors il avait souvent du mal à les comprendre.
Mais ça ne voulait pas dire qu'il n'essayait pas.

" Bon. Alors. "

Par où commencer?

" Tout d'abord, il n'y a que certaines personnes qui présentent des dispositions particulières qui peuvent entrer au Pays des Merveilles. Ce sont les Appelés. La plupart des créatures qui y habitent sont nées ici. "

Il redevint chat, mais cela se fit en douceur.

" Toi, tu es une Appelée. C'est pour ça que tu te retrouve ici. "

Il jeta un coup d'oeil à l'ardoise.
Ah.
Comment dire?

" Certaines personnes se sentent mal à l'aise dans le monde des humains. Sentent que leur place n'est pas ici. Chez d'autre, c'est encore plus marqué. Et il y en a qui sont même considérés comme fous. En gros, venir ici, c'est un peu comme une seconde chance... Et si les Appelés ressentent le besoin de venir, c'est peut être parce qu'en eux coule le sang du Pays des Merveilles, que sais je? "

Même lui, malheureusement, n'avait pas toutes les réponses.
Des suppositions.

" Ensuite? Voilà une question à laquelle je ne peux pas vraiment répondre. Tous ont trouvé que cette vie était bien meilleure que celle qu'ils avaient sur terre, plus riche, plus originale, plus captivante. "

Il se tut, puis rajouta, doucement :

" Plus dangereuse aussi... "

Il resta un instant pensif, puis continua :

" Avec toi, étrangement, il s'est passé quelque chose. D'étrange. il semblait y avoir une présence en toi, une présence qui aurait... ouvert une brêche dans le Pays des Merveilles. "

Il soupira.

" Ce qui est un désastre... "

Le chat s'avança doucement jusqu'à elle, remarquant son visage défait.
Il se sentait penaud.
Avait il dit quelque chose de mal?
Il se sentait si maladroit parfois...
Bizarrement, ça l'embêtait qu'il lui ait fait de la peine.
Il posa sa patte sur son bras.
Il avait juste l'air d'une petit chat, d'un simple animal domestique.
Mais ses yeux brillaient d'intelligence et, pour l'heure, de gentillesse un peu gauche.

" Ce n'est pas ta faute... "

Il ne savait pas pourquoi, mais il savait que c'était important qu'il le dise.

Redevenant lui-même, Neko recula.
Adopta son éternel air désinvolte et sans émotion.

" Hé bien... Que la logique est une denrée rare ici, que tu dois maintenant faire attention aux Démons et plus encore si jamais tu te décides à te promener dans le royaume d'Ailleurs, qui est l'opposé du Pays des Merveilles. "

Il eut un sourire.

" Tu découvriras par toi-même à quel point ce monde est étrange... "

Il hocha vigoureusement la tête :

" Bien sûr que tu peux sortir ! Tu n'es pas prisonnière ! Mais bien sûr que c'est dangereux aussi... Alors c'est à toi de voir. "

Il finit par proposer :

" Si tu t'en sens la force, demain je pourrais te montrer ton nouveau chez toi, que j'ai pu arranger au prix de quelques... égratignures. Tu es d'accord? "